Françoise Derolez et Sandy Beky

Accueil  >  Ressources   > Blog

Françoise Derolez et Sandy Beky

co-dirigeantes de KyoSei Leadership - Secteur Conseil en management, stratégie

Françoise Derolez et Sandy Beky lancent, à travers leur cabinet de conseil KyoSei Leadership, le modèle C. Une méthode de management durable calquée sur l’économie circulaire qui veut transformer l’organisation de l’entreprise et accompagner la 3ème révolution industrielle.

NN : Comment définiriez-vous le management circulaire ? SB : Le modèle est basé sur celui de l’économie circulaire qui fonctionne autour de trois principes clé. D’abord la fin du parcours unique et linéaire : un produit dès sa conception est pensé pour être réutilisé, réparable et recyclable. Le principe numéro 2 est le passage d’une logique de déchet pour rentrer dans une logique de ressources, pour un autre utilisateur ou pour une autre utilisation. Le 3ème principe est l’approche systémique, un modèle de production et de consommation pensé tout au long de la chaîne de valeur, avec une collaboration des différents acteurs. Notre principe de management reprend exactement ces trois principes. Nous voulons valoriser l’ensemble des compétences de chaque individu dans l’entreprise, les répartir et mieux les utiliser dans différents contextes en associant plusieurs acteurs. Nous ne voulons pas enfermer le collaborateur dans une seule fonction : quelqu’un qui fait du marketing peut avoir passé un double diplôme à un moment de sa vie et faire du sport à haut niveau. Il doit pouvoir travailler dans ces trois domaines au sein de son entreprise ou auprès des partenaires qui constituent son écosystème. L’entreprise serait à même d’y trouver de la valeur parce qu’elle conjuguerait ces trois talents-là, et la personne y trouverait un avantage en exploitant l’ensemble de ses compétences. Tout ça aurait pour bénéfice de rendre l’individu moins fragile. Nous avons 3,5 millions de chômeurs aujourd’hui, là si l’individu perd l’un de ses travails il est en définitive moins exposé et pour lui-même et pour la société en général qui ne se retrouve pas à compenser la perte d’un emploi dans son intégralité. FD : Nous avons en France une tradition de sécurité de l’emploi, quitte à n’en avoir qu’un seul toute sa vie. Or, à l’heure actuelle, quelqu’un qui se lance dans la vie active peut avoir un contrat en alternance, un CDD, faire de l’intérim ou passer par le portage salarial. Je pense que le CDI est amené à disparaître et que nous allons sortir de cette logique de sécurité de l’emploi pour entrer dans celle de génération de revenus dans laquelle vous allez valoriser toutes les compétences que vous pouvez avoir en tant qu’individu. Attention, je ne suis pas en train de dire que tout le monde est expert en tout, mais nous pouvons en tous cas utiliser ces ressources au maximum et les mettre au service de plusieurs organisations, qu’elles soient publiques ou privées.   NN : Vous faites le rapprochement avec l’économie circulaire née avec le digital, quelles sont les évolutions sociétales qui rendent le management circulaire pertinent ? SB : L’arrivée de jeunes générations qui ne travailleront plus comme celles d’avant. Il y a des études qui montrent que la génération qui entre sur le marché du travail changera une dizaine de fois d’emploi durant sa carrière contre 3 ou 4 fois actuellement. Ce qui implique une multiplication des compétences, des expériences, et c’est ce qui permettra le management circulaire tel qu’on le propose. Cette méthode apporte des solutions pour la génération Y mais aussi pour les seniors qui, à partir de 50 ans, alors qu’ils sont extrêmement compétents et en pleine forme, sont considérés comme une main d’œuvre qui n’est plus valable sur le marché. Il s’agit, avec le modèle C, de casser le parcours professionnel classique ou vous être junior jusqu’à 30 ans et senior dès 45 et ou finalement la période qui permet de se valoriser au maximum est assez réduite. FD : Il y a aussi quelque chose dont il faut tenir compte, c’est la transformation du modèle familial avec désormais plusieurs formes de parentalité. Pourtant le temps partiel est toujours dévolu majoritairement aux femmes et l’écart de salaire est toujours à leur désavantage. Dans notre modèle, nous nous concentrons sur les compétences, les talents, les passions des gens et ce qu’ils peuvent apporter dans différents contextes, cela va permettre de s’attaquer à ce problème d’inégalité : homme/ femme. Nous avons pensé le management circulaire dans une perspective très large, en balayant différents aspects de ce qu’est la société actuellement.   NN : En quoi votre modèle sert-il la performance économique ? SB : Aujourd’hui, il n’y a plus une seule étude qui vous dit que les employés sont heureux au travail. Or un salarié qui va pouvoir utiliser ces différentes compétences sur des domaines qui lui plaisent, où il est bon, va être plus engagé et donc plus performant. Il s’agit aussi de mettre en phase une sphère privée où les gens sont hyperconnectés, avec la sphère professionnelle où l’on applique des méthodes de management qui ont 30 ou 40 ans et qui ne sont pas en phase avec la révolution numérique. FD : Vous obtenez également plus de créativité et d’innovation quand vous avez des employés qui vont interagir dans différents domaines. Ils vont forcément développer leur créativité, leur intelligence émotionnelle, et tout ça va rejaillir au sein des différentes organisations dans lesquelles ils vont travailler. On voit bien le bénéfice pour l’entreprise qui peut embaucher des collaborateurs à mi-temps ou a temps partiel de manière à créer des pôles très innovants. Le fait de se partager entre différentes organisations permet également de penser différemment et d’obtenir ce que cherchent les entreprises : des gens très pointus et une certaine agilité dans l’organisation. Ce que nous cherchons à faire en ce moment, c’est de convaincre les dirigeants de mettre en place avec nous cette nouvelle forme de travail et d’en observer les bénéfices.   Propos recueillis par David Rozec, drozec@nomination.fr