Youenn Dupuis

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Youenn Dupuis

Keolis - Secteur Transports ferroviaires et urbains (trains, bus & cars, métro, taxis)

Désormais à la tête de la branche Ile-de-France du groupe Keolis et membre du comité de direction du groupe, Youenn Dupuis fourmille de projets. Sa feuille de mission est simple : faire de Keolis un acteur majeur de la mobilité en Ile-de-France dans le cadre de l’ouverture à la concurrence. La course au Grand Paris est lancée !

Pouvez-vous nous en dire plus sur l’ouverture à la concurrence dans les transports en Ile-de-France ? Youenn Dupuis : Le paysage de la mobilité en Ile-de-France est en pleine mutation. Il y a des projets structurants qui sont menés comme le Grand Paris Express, le CDG Express, des nouvelles lignes de tramway, de tram-train et même de téléphérique. L’ambition est portée par les décideurs de la région et les autres collectivités, comme par exemple la ville de Paris. La seconde grande évolution concerne l’irruption du digital. Cela change profondément les comportements de mobilité avec l’émergence de nouvelles possibilités et de nouveaux modes : les cartes entre acteurs sont rebattues. La troisième évolution marquante concerne le cadre institutionnel en pleine évolution avec l’ouverture immédiate à la concurrence sur les nouvelles lignes de métro, tramway, bus en Ile-de-France ainsi que l’ouverture progressive des services opérés par les acteurs aujourd’hui en place. La conjonction des trois mutations majeures donne un caractère passionnant à une mission comme la nôtre. En effet, dans ce contexte, Keolis ambitionne de devenir un acteur incontournable de la mobilité du Grand Paris et de l’Ile-de-France en faisant valoir son savoir-faire et son expertise sur l’ensemble des modes. Une page se tourne dans le paysage de la mobilité francilienne… YD : Le paysage de la mobilité est absolument passionnant. Les évolutions actuelles mobilisent toutes les équipes franciliennes de Keolis. Notre entreprise a déjà une forte empreinte sur ce territoire avec 26 filiales et 3.400 salariés travaillant au quotidien pour produire des services de transport à destination des clients voyageurs. Les projets en cours et les évolutions sont structurantes. Sans compter qu’au-delà des JO, nous espérons de grands événements tels que l’exposition universelle ou la coupe du monde de rugby. « Nous tendons vers un développement des transports plus équilibré dans une démarche sociale et économique » Quel sera l’impact de projets comme le Grand Paris Express ou le CDG Express sur la qualité de vie et le monde des affaires ? YD : Les nouveaux projets divergent de ceux qui ont été conduits par le passé. Avant, il y avait des lignes radiales qui reliaient Paris centre à la périphérie. Aujourd’hui, les projets en cours sont en rocade afin de relier des pôles du Grand Paris à d’autres pôles du Grand Paris. C’est une transformation importante : de nouvelles centralités et la fin de la dichotomie historique entre Paris – concentrant richesses, emplois et équipements culturels – et les zones à vocation résidentielle. Le Grand Paris Express est emblématique de cette nouvelle ambition découlant d’une nouvelle vision de l’aménagement de l’Ile-de-France. D’autant que la centralisation des transports sur Paris posait problème… YD : Les débats sur le Grand Paris ont mis en évidence que de nombreux problèmes d’exploitation de service ont lieu en zone dense. Par exemple, Châtelet-Les Halles voit transiter 800.000 voyageurs quotidiennement qui sont majoritairement en correspondance. L’idée retenue est de diffuser les pôles d’échange et d’éviter la concentration massive de flux de voyageurs dans des espaces restreints. L’ultra concentration en Ile-de-France n’atteint pas cette échelle dans d’autres métropoles mondiales. Nous tendons vers un développement des transports plus équilibré dans une démarche sociale et économique. Et donc, Keolis se lance également dans le transport à la demande ? YD : Le transport à la demande est un mode tout à fait prometteur. Nous exploitons Filéo, qui permet aux salariés de la plateforme aéroportuaire de Roissy de se rendre à leur travail. C’est le plus grand transport à la demande d’Europe, avec plusieurs centaines de milliers de voyages par an. Et aujourd’hui, de nouvelles possibilités émergent grâce au digital : nous avons mis au point des systèmes d’optimisation pour gérer les différentes courses et pour grouper les passagers. L’année dernière, le groupe Keolis a intégré comme filiale LeCab. Nous avons acquis la capacité à faire du pooling (groupage) et à introduire de la performance dans la gestion en temps réel des courses en fonction de la demande des clients. « Les nouvelles mobilités intègrent la transition énergétique et écologique » Les usagers veulent du sur-mesure… YD : Oui, il y a une vraie demande pour du porte-à-porte, personnalisé, sécurisé avec de la régularité. Le groupe Keolis est capable de transporter des flux sur de grands pôles d’échanges mais aussi de gérer différentes demandes de mobilité. C’est le cas du dernier kilomètre. Depuis juillet, nous expérimentons pour le compte du Stif 3 navettes autonomes à La Défense qui parcourent les 400-600 mètres entre le pôle d’échanges et le lieu de travail des salariés. C’est une percée dans les nouvelles mobilités puisque le véhicule utilisé est totalement automatique, sans conducteur. Le sur-mesure trouve sa pertinence dans les zones moins denses, la nuit ou en soirée. De faibles flux avec des moyens lourds ne sont pas rationnels économiquement. Dès lors qu’il est bien conçu, le transport à la demande permet de gérer des flux diffus dans le temps et l’espace. Quelle place tient la transition énergétique dans les ambitions de Keolis ? YD : Nous sommes clairement engagés sur ces problématiques. Les nouvelles mobilités intègrent la transition énergétique et écologique. Ainsi, PAM 75, notre service pour personnes à mobilité réduite à Paris, sera entièrement équipé de véhicules GNV ou électrique. Par ailleurs, nous avons récemment lancé un nouveau concept de mobilité électrique en partenariat avec Alstom. Il s’agit d’un bus dérivé du tramway avec un plancher bas, de large surface vitrée. Sa robustesse permet d’envisager une durée d’exploitation de 15 à 20 ans. Après une présentation fin juin sur la ligne Versailles-Vélizy, nous allons officiellement inaugurer le lancement du service et du nouveau véhicule le 25 septembre 2017. Avez-vous une devise que vous appliquez à votre vie professionnelle ? YD : J’aime bien dire à mes équipes que la rigueur et la bonne humeur doivent guider le travail au quotidien. Il faut être rigoureux dans le travail, dans la façon d’aborder les sujets. Et puis, il y a l’esprit d’équipe, la capacité d’écoute pour produire des solutions efficaces et donner à chacun l’envie de donner le meilleur de lui-même. Propos recueillis par Adrien Ares aares@nomination.fr