Filiale de Deutsche Telekom, T-Systems est une entreprise de services numériques leader européen dans le domaine du cloud souverain et des services managés. 4 milliards d’euros de revenus en 2024, plus de 26 000 collaborateurs et une nouvelle présidente pour la France : Anne-Marie Calmeil.
Pouvez-vous nous présenter T-Systems France ?
T-Systems est le bras armé du groupe Deutsche Telekom (115,8 milliards d’euros de revenus en 2024) pour les services numériques destinés aux entreprises et au secteur public. Nous proposons à nos clients un portfolio autour de SAP, des solutions digitales notamment dans les domaines de la santé, la défense, les transports, l’automobile ou la logistique ainsi qu’un écosystème de cloud souverain complet avec les services managés associés.
« Il faut éviter la vassalisation numérique qui risquerait de dégrader la compétitivité de notre économie »
Et vous avez récemment accédé à la présidence ?
Oui, c’est exactement ce que je souhaitais faire car je plaide pour un cloud souverain et une autodétermination numérique. Le marché européen est fragmenté. Or, il est aujourd’hui clé de faire émerger des géants continentaux et plus seulement des champions nationaux. C’est capital de rivaliser dans la période critique que nous traversons. Il faut éviter la vassalisation numérique qui risquerait de dégrader la compétitivité de notre économie.
Est-ce qu’il existe une prise de conscience au sein des organisations ?
Il y a eu une vraie rupture quand des solutions logicielles extra européennes très présentes au sein des entreprises de l’UE ont parfois multiplié leurs prix par 2 ou 3. De nombreuses sociétés l’ont vécu comme une situation de dépendance non prévue dans leurs budgets. Le domaine SI est le nerf de la guerre des organisations. Les niveaux de maturité varient mais les comex européens connaissent mieux les risques et s’emparent du sujet. Avec plus de quinze ans d’expérience sur le cloud et des solutions très abouties, T-Systems et ses concurrents européens souverains représentent à peine plus de 4% du marché. Les possibilités sont énormes.
« Au niveau commercial, nous constatons des arbitrages différents en faveurs des technologies européennes »
Cela influe sur votre proposition de valeur ?
Aujourd’hui tout le monde propose des solutions souveraines. C’est devenu un argument marketing même pour certains hyperscalers qui n’ont rien d’européen ! Au niveau commercial, nous constatons des arbitrages différents en faveurs des technologies européennes. Avant, les entreprises se demandaient combien elles allaient gagner en prenant telle ou telle solution. Aujourd’hui, elles se penchent sur des solutions souveraines parfois moins riches fonctionnellement mais qui leur permettent d’assurer la pérennité de leurs business. Quitte à revoir leurs habitudes et avoir des fonctionnalités moins riches. Il faut être prêt à sortir de sa zone de confort, s’adapter à d’autres solutions, déconstruire certaines habitudes y compris au niveau des développeurs pour qui la technologie est un levier direct d’employabilité.
La souveraineté prévaut également à l’heure du développement de l’IA ?
Effectivement, l’IA va nous demander encore plus de souveraineté. L’IA a besoin de contenants de confiance. Il faut être en mesure de protéger nos données et proposer des algorithmes correspondant à nos valeurs et nos usages. Mal paramétrée, l’IA peut avoir un impact sur la démocratie, les algorithmes de choix, la capacité de raisonnement des plus jeunes générations. Toutefois, il faut être optimiste : nous avons des solutions qui fonctionnent et on a du talent. Nous vivons dans un très gros marché et si les gens se tournent vers les solutions européennes comme la nôtre alors les choses vont évoluer. Je suis convaincue que l’on peut créer un cercle vertueux.
